Salon de la nutrition à l’EDNH Paris : mes coups de cœur

C'était bien, c'était chouette... On y retournera !

Le Salon de la nutrition à l’EDNH Paris s’est déroulé du jeudi 22 au dimanche 25 mars 2018. J’y étais! L’occasion de partager mes coups de cœur. 

Le Salon de la nutrition, qu’est-ce que c’est ?

C’est un salon (sans blagues !) proposé par toutes les écoles de diététique et nutrition humaine du Groupe Diderot chaque année, au mois de mars : Paris (celle de votre serviteur), Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Lille, Montpellier et Nice. Le Salon de la Nutrition est organisé par les étudiants en troisième année de Bachelor en Diététique et Nutrition Humaine (ceux qui font donc une année de plus que le BTS diététique-nutrition) dans le cadre de projets collectifs. C’est une manifestation utile pour s’ouvrir à ce que l’on ne connaît pas, approfondir ses connaissances et/ou s’updater sur les dernières tendances nutri.

Cette année, 66 étudiants de l’EDNH Paris (« Humains » et « Sportifs », parce qu’il y a deux filières de Bachelor) ont trimé pendant des mois, chacun dans leurs attributions (design, financement, sponsor, communication, organisation…) pour organiser le meilleur salon possible. J’y suis allé les trois jours (ou presque, parce qu’il fallait aussi dormir un peu, hein…) et je me suis régalé. Voici donc mes coups de cœur :

1.La cuisine thérapie, by Emmanuelle Turquet

La cuisine thérapie, ce sont des ateliers de cuisine pour mieux se connaître. En solo, duo ou bien plus que ça, l’idée est de faire rimer plaisir, développement personnel, et surtout, retour à l’intuition. A l’émotion. On cuisine sans recettes ni objectif diététique précis. Pas besoin d’être un pro de la cuisine, il suffit parfois d’assembler une assiette pour s’exprimer. Ces ateliers sont animés par Emmanuelle Turquet, qui a passé 15 ans dans un grand groupe industriel, avant de se former en techniques de développement personnel (Art-Thérapie, PNL, Analyse transactionnelle, sophro ludique, relaxation psychosensorielle…).

C'était bien, c'était chouette... Exemple : ⇐ cette photo montre l’abandon du père. La femme qui a composé cette assiette avait l’impression que la moutarde lui montait au nez, elle était rouge de colère et verte de rage. Une colère détournée car elle n’exprimait pas sa colère en temps normal. D’une façon humoristique, le besoin de considération s’exprime.

Pourquoi j’ai aimé : parce qu’il faut avouer qu’Emmanuelle Turquet a bien défendu son bout de gras ! Présentation simple, accessible, humaine. Et l’atelier m’a paru cohérent, on part d’une expérience thématique (« la courgette voyageuse », par exemple), puis un temps de réflexivité (on verbalise ce qui se passe en nous, on met du sens sur notre création) et ensuite, le temps de l’action : on cuisine ! Hâte d’essayer.

Où découvrir ? Sur son site internet.

2. La diététique comportementale, by Cindy Rojot

Cindy Rojot (celui qui se marre, je lui en colle une !) a été ma prof de nutrition du sportif au premier semestre. Je ne suis donc pas le plus objectif pour en parler, mais ça tombe bien, je ne suis pas là pour ça, mais pour rester franc, honnête et sincère dans ma démarche.  Et puis, c’est mon blog, donc #balek. Une conférence vraiment intéressante, qui prend sa source dans un constat que bien des diététiciens et nutritionnistes partagent : l’alimentation de prescription a ses limites. En effet, elle répond à une règle, avec des restrictions alimentaires : « ne pas manger ça », « de temps en temps », « pas tous les jours », « le joker de la semaine ». Résultat ? La restriction ne dure pas dans le temps, les comportements reviennent. La motivation baisse (parfois, les collations pomme/yaourt/oléagineux, ça gonfle), la frustration grimpe, les envies aussi, les restrictions demandent un effort cognitif particulier et donc, un contrôle mental.

Allez, go, pizza !

Pourquoi j’ai aimé : parce que la diététique comportementale met le patient au cœur de la prise en charge. Il est pleinement acteur du changement. On fait donc la lumière sur les comportements du patient, sur son vécu expérientiel (les connaissances qu’il acquiert au fur et à mesure de sa vie), on se sert d’outils (observation, dégustation, écoute des envies, gestion émotionnelle) afin de faire évoluer le comportement alimentaire sans effort cognitif. Cela implique donc plus de flexibilité dans la recommandation, surtout au départ. C’est ça qui m’a heurté (petit chou, va…).  Aujourd’hui, je ne me vois pas, en tant que nutritionniste, dire à mes patients/clients de continuer à se rendre au fast-food, de consommer du pop corn au ciné ou se jeter sur cette cuillère de pâte à tartiner dont le groupe consomme 1/3 de la production mondiale de noisettes (et aussi parce que mon tartybio est bien meilleur). Pourtant, il va bien falloir se pencher sur une approche comportementale de la nutrition (voire, que je me forme) car la «recommandation du sachant » a vécu. Place à l’empathie, à l’accueil, à l’écoute et à la compréhension de l’Autre. C’est la conférence qui m’a le plus remis en question. Merci Cindy !

Où la découvrir ? sur son insta.

3. Le pollen frais, by Nicolas Cardinault

Nicolas Cardinault animait un stand sur le salon et a donné une conférence le dimanche matin. Malheureusement, j’pouvais pas, j’avais grasse mat’. Je sais, c’est moche, mais la conférence a été filmée, donc vive le replay ! J’ai pu échanger avec lui sur le stand. Il est directeur scientifique de la société Pollenergie, spécialisée en produits de la ruche à destination de la nutrition et de la santé. Il m’a fait goûté différentes sortes de pollen frais (qui se garde donc, au frais), plus riche que le pollen sec, lequel détruit une partie des ferments lactiques et des antioxydants sensibles à la lumière et à la chaleur.

Pourquoi j’ai aimé : le mec est une mine d’informations. Insatiable et passionné. Tout ce que j’aime ! Le goût de certains pollen frais (une texture qui fond sous la bouche) peut rebuter, à vous de trouver le vôtre. J’ai pris une boîte de pollen de ciste,riche en ferments lactiques et en caroténoïdes, au top pour la sphère intestinale. Sur le papier, le pollen frais de châtaigner est méga antixoydant (vous savez, le truc qui neutralise les radicaux libres). Sa valeur ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity – Capacité d’absorption des radicaux libres) : 30 200, soit presque 4 fois celles des groseilles (8000), un fruit déjà très antioxydant. Et puis, on a pu détailler les différents produits de la ruche : la propolis (antibiotique), le miel (cicatrisant), la gelée royale ou le pollen, notamment pour restaurer (une partie de) la flore intestinale…

Scoop : Nicolas a déposé un brevet, une technique d’emballage, qui permettrait de décongeler et de recongeler un produit alimentaire sans augmenter le risque de contamination bactérienne. Ça va bientôt arriver !

Où découvrir ? Sur le site Pollenergie.

4. Smart Diet, by Anne-Laure Meunier

Toujours pas aussi objectif, puisqu’Anne-Laure était ma prof de connaissance des aliments l’année dernière. Elle faisait son cours sans notes, détendue du str*ng, pestait contre les stations pleines des vélib’ en rentrant en classe (au moins, à cette époque, y’avait un service…#dedicace) et était incollable sur les méthodes et les process de fabrication des aliments. C’est d’ailleurs grâce à elle que je m’intéresse de près au chemin des aliments, du champ à l’assiette. Elle a co-fondé une start-up avec Stéphanie Jean-Angèle, également diététicienne-nutritionniste, Smart Diet. Via cette plate-forme d’e-santé (une appli est en cours d’élaboration, mais chut, je ne vous ai rien dit), l’idée est de mettre en relation vos besoins (perte/prise de poids, performance, allergies, maternité, végétarisme…) avec les diététiciens-nutritionnistes spécialisés dans différentes thématiques. Je vous en dirai plus dans un prochain post puisque je les ai interviewées, mais là, cap sur les partiels. Le concept est chouette. Bon, de toute façon, dès qu’on parle d’éducation nutritionnelle, moi, hein…

Moi, lisant l’étiquette !

Pourquoi j’ai aimé : Malgré les aléas du direct (plus de wifi), on a pu faire un Kahoot, sorte de quizz en ligne, sur les idées reçues en nutrition. Ex : vrai, le lait-lait chaud aide à s’endormir, en raison du tryptophane, un précurseur de la sérotonine. S’il est sucré, ça passe encore mieux dans le cerveau et hop, dodo ! L’occasion également de faire un point sur la liste des ingrédients de l’étiquette : les auxiliaires technologiques n’apparaissent pas sur l’étiquette. Ce sont des additifs d’additifs, pour faire simple, qui sont rajoutés lors du processus de fabrication, pour optimiser ou faciliter 1 ou plusieurs étapes. Par exemple, mon arôme fraise va partir avec la chaleur, je vais lui coller un auxiliaire pour qu’il résiste à ce traitement thermique.  Enfin, j’ai découvert le Siga, un score uniquement destiné aux fournisseurs et distributeurs de la filière agro-alimentaire, qui prend en compte le degré de transformation du produit, contrairement au score nutritionnel (les pastilles avec les couleurs, du vert au rouge) actuel. Merci Smart Diet !

Où découvrir ? sur le site de Smart Diet.

5. La table ronde « Santé et alimentation de demain », with Smeal et Jimini’s

C’était une table plutôt rectangle, vu la configuration de la salle, en présence des start-up Smeal et Jimini’s. La première est une société fondée par Antoine Boillet et Sijia Wang, deux ingénieurs fraichement diplômés de l’Université de technologie de Compiègne : des meal-shake, des repas en poudre, à hydrater, fabriqués en France, dont ils vantent une composition naturelle et végétale, sans OGM ni conservateurs. La seconde est fondée par Clément Scellier et Bastien Rabastens, issus de cursus d’écoles de commerce : une gamme d’insectes apéritifs assaisonnés & prêts à manger. Des criquets et Molitors cuisinés dans un atelier en Haute Normandie, puis déshydratés et assaisonnés avec des épices naturelles, riches en protéines et pauvres en lipides. Bon, ok, ce n’était pas super ma came ! J’avais interviewé le président de Micronutris, et j’avais été plutôt séduit par l’approche environnementale de l’aventure entomophagique.

Pourquoi j’ai aimé (quand même) : parce qu’on a pu débattre. Et ça, c’est appréciable. Les étudiants ont posé leurs questions, j’ai pu poser les miennes. Bon, ok, j’ai été un peu « poil à gratter », mais c’est une table ronde, ils viennent présenter leurs produits à un public averti et donc, ils doivent s’attendre à quelques questions sur leur composition nutritionnelle. J’étais sur Open Food Facts quand j’ai posé ma question sur la liste des ingrédients d’un des produits, lequel montrait la présence de 13 additifs différents. Et quand le môsieur m’a dit « on privilégie les sucres naturels », ben, forcément, j’ai un peu insisté : « donc, plus de sirop de glucose ? ». « Non, plus de sirop de glucose ». That was a lie. C’était le 6ème ingrédient de la recette, juste après l’isomaltulose. Bon, l’important, c’est d’avoir pu découvrir ces produits, de les avoir goûtés en tant que futurs professionnels et de se faire notre propre idée. Rien de pire que de construire des présupposés et d’émettre des recommandations sans jamais se confronter au réel. Et puis, j’ai goûté mon premier criquet. Je sais, c’est moche. Et noisetté.

Big-up à moi, pour avoir animé un débat sur le film What the Health accompagné de Jenny et Mélissa, sans se faire jeter des tomates dessus. Aucun mérite, c’est pas la saison.

Big up également à tous les autres campus qui se sont mobilisés en mars pour leur Salon de la nutrition (des cours de fitness, au top, une conférence avec Anthony Fardet, joli !) !

Mon dernier coup de cœur va aux étudiants de troisième année, et bien sûr, à madame Deffay, la chef d’orchestre de ces projets ambitieux, un peu fous et exaltants. L’année prochaine, ce sera à nous d’organiser notre propre Salon de la Nutrition. Hautes ambitions, exigences fortes, je sens qu’on va bien se marrer !