SALON DE LA NUTRITION 2019 A L’EDNH PARIS : ET C’EST REPARTI !

Le Salon de la Nutrition 2019 à l’EDNH Paris is back ! Ça se passera du 21 au 24 mars prochain, à Paris. Le thème ? L’alimentation durable. Et j’allais oublier : 89 étudiants l’organisent… Dont moi-même. Je vous emmène ?

NB : oui, je suis de retour après une période de diète blogistique. Je n’y peux rien, tout le monde s’arrache mes compétences. Tout le monde me veut, je suis exténué. Plus sérieusement, j’ai bien en tête ce post holistique sur le BTS diététique (et donc, légèrement, mais alors très légèrement polémique), mais je n’ai pas encore assemblé mes idées et j’hésite encore sur l’angle à privilégier : les 2 ans de formation, ou l’examen (n’hésitez pas à mettre un commentaire, ça peut m’aider).

L’année dernière, je vous avais parlé du Salon de la Nutrition 2018 dans ce post bien complet. Je vous disais qu’au même moment, toutes les EDNH de France animaient l’Hexagone (au moins !) pendant quatre jours consécutifs sur l’alimentation. Les troisième année de Bachelor triment pendant des mois, se scindent en groupes selon leurs missions, et organisent l’avant dernier week-end de mars, l’évènement incontournable de la nutrition. Je m’y étais rendu chaque jour, pour les soutenir, mais aussi et surtout, pour apprendre. Certaines conférences et stands m’avaient tout simplement bluffés. Et remis en question mon approche de la nutrition. Et pour me remuer, faut y aller.

Alors, on bosse !

Cette année, c’est à nous de l’organiser. Deux filières (humaine et sportive), 89 étudiants, une prof de projet, beaucoup de possibilités ! Le temps passe, nous débattons chaque semaine,  avec le souci constant de bienveillance et de bientraitance mutuelle, bien évidemment. Comment pourrait-il en être autrement ? Cette fois, le thème de l’alimentation durable s’est imposé. Thème fou, ambitieux, vaste, à tiroirs, très actuel, mais surtout très logique. Explications.

Qu’est-ce que l’alimentation durable ?

Excellente question. J’ai ma petite idée, mais j’ai suivi la piste easy et tapé les mots « alimentation durable » sur un moteur de recherche. Je suis tombé sur cette vidéo d’un projet franco-belge financé par le Fond Européen de Développement. La voici, on en parle après (il faudra par ailleurs leur enseigner l’art de la capture d’écran car la jeune femme a l’air très en souffrance dessus) :

Ok, donc, on a : « Varié. Cuisine. Produits non traités. Goût. Merveilleux. Plaisir. Pari sur l’avenir. Peu d’impact écologique. Respectueux de l’environnement. Souci de la qualité de l’eau, des sols, des semences. Respecter la planète. Réparer les dégâts. Meilleure médecine. Nourrit. Construit. Qualité. Social. Vie quotidienne. Partager avec les autres. Se mettre ensemble. Récolter. Potager. Reprendre la main. Reprendre du pouvoir. Rapprocher le consommateur mangeur du producteur. Etre le plus autonome possible. Economique. Choix. Local. Solidaire. Ethique. Conscience. Dignement. Culturel. Bien-être alimentaire. Processus progressif. »

« Nuage de mots » intéressant. Ça commence à prendre forme. On va (un peu) plus loin ?

Dans son rapport final « Biodiversité et régimes alimentaires durables unis contre la faim » de 2010, l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) donne une définition des régimes alimentaires durables : ce sont « des régimes alimentaires ayant de faibles conséquences sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures.  Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, nutritionnellement sûrs et sains, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines.»

Ok. On retrouve :

– « faibles conséquences sur l’environnement »,
– «  sécurité alimentaire et nutritionnelle»,
– « vie saine pour les générations actuelles et futures »,
– « protéger et respecter la biodiversité et les écosystèmes »
– « culturellement acceptables » (oui, allez faire manger des aubergines à des Lorrains, malheureux !),
– « économiquement équitables et accessibles, abordables » = approche inclusive du producteur et du consommateur,
– « optimiser les ressources naturelles et humaines ».

Hum, ça se précise. Bonne pour l’environnement, sûre, nutritive, accessible à produire comme à consommer, et respectueuse des ressources naturelles ET humaines.

Pourquoi l’alimentation durable comme thème du Salon de la Nutrition 2019 ?

Là encore, excellente question. Je ne peux m’empêcher de repenser (spoiler de mon prochain post sur le BTS diététique !) à la question posée à cet étudiant cerné (par les révisions) lors de sa soutenance de mémoire : « mais… est-ce que c’est vraiment votre rôle de promouvoir le bio ? ». Ça laisse songeur :mrgreen: . Mais n’entrons pas dans ce débat, car l’alimentation durable, c’est bien plus vaste que la dimension bio-logique de la question. Vous avez vu, au passage ce petit « – » entre bio et logique ? Logique du vivant, donc. Je sème.

Pourquoi l’alimentation durable ? Il y a des tas de raisons. Pas dans l’ordre, celles qui me viennent en tête :

1.Parce que c’est la COP 24 ! La quoi ? La COP 24. La conférence sur le climat qui a lieu à Katowice (prononcez « katovitché »), en Pologne, jusqu’au 14 décembre. Son but : faire aboutir les négos de l’accord de Paris (tu sais l’accord signé mais que peu appliquent) et clôturer le dialogue (le dialogue de Talaona), qui sera le premier relevé des actions climatiques engagées dans le monde. Ok, et quel rapport avec l’alimentation durable ? Hum, parce que telle qu’elle est aujourd’hui, l’alimentation (du champ à la fourchette) génère plus de Gaz à effet de Serre (GES) que l’habitat et les transports. Du champ à la fourchette, les activités agricoles et alimentaires françaises représentent 36% des émissions de gaz à effet de serre française, selon les chiffres du Réseau Action Climat. Au passage, le dernier rapport du GIEC (les gens qui réfléchissent aux causes & conséquences du dérèglement climatique) disent que si rien n‘est fait pour infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre, et bien on tablera sur 5,5°C de hausse des températures. Donc, comme je n’ai pas très envie d’expérimenter la vie dans un four ambiant, je me dis que c’est peut-être une bonne idée de « prendre notre part ». Pour ceux qui ont des doutes, je vous mets ici une petite infographie à fort impact (bisous).

2.Parce qu’on peut être des colibris : c’est-à-dire, « prendre notre part ». En tant qu’étudiants de nutrition et en tant que futurs professionnels, si l’on peut sensibiliser le grand public à ces enjeux, même dans un climat tendu et insurrectionnel, il faut le faire. On doit le faire. Surtout que l’alimentation durable comporte une dimension d’accessibilité. A nous de montrer que l’on peut se nourrir équilibré en respectant les ressources naturelles.

3. Parce qu’il y a un lien direct entre le respect des sols et la matrice de l’aliment. Quand Anthony Fardet parle des aliments ultra-transformés, il dit que tous les process altèrent la « matrice » de l’aliment. Or, si l’on prend l’exemple des végétaux (mais pas que), leur matrice, ils la tirent d’où ? Du sol ! Du sol nom de bleu. Donc, on m’explique comment on fait de l’alimentation vivante avec un sol (quasi) mort, ou très en souffrance ? Comment continue-t-on à parler à nos patients de 5 portions de fruits et légumes par jour si ceux-ci sont de moins en moins riches en vitamines et minéraux ? Comment ? Claude Bourguignon, ingénieur agronome, lequel mesure l’activité biologique des sols depuis 1989, ne dit pas autre chose dans cette vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=vzMhB1fgWew

Pour les curieux et ceux qui ont du temps, une vidéo de 39 minutes. Re-spoiler : « moins on travaille la terre, plus elle est fertile ».

4. Parce que le modèle productiviste est à bout de souffle. La révolution industrielle = « on va nourrir tout le monde ». Yahoo, je me mets sur des machines, j’arrose de bio-cides (pesticides, fongicides et autres), je joue au petit chimiste, pour faire vite. Je ne vivais pas à cette époque. Je ne peux donc juger les choix qui ont été faits si ce n’est à la lumière de leurs conséquences. Ce que je constate aujourd’hui : crise des prix alimentaires (hey, si on spéculait pas seulement sur les spéculoos, mais aussi le prix du riz, du blé, du soja ?), scandales sanitaires (impossible de tous les passer en revue, mais plus on transforme les produits, plus les intervenants sont nombreux, et plus le risque de « dérapage » augmente), 800 millions de personnes sont sous-alimentées, 15 pathologies en lien avec l’utilisation de pesticides selon la synthèse de l’Inserm de 2013 (vous savez, les petites substances sympa qui passent la barrière placentaire), des agriculteurs qui ne vivent pas de leur activité et… même si ça me tord le ventre de l’écrire : 1 agriculteur qui se suicide tous les deux jours en France. Donc, je veux bien admettre que le système productiviste a permis de s’extirper de la misère, mais disons qu’aujourd’hui, il montre clairement ses limites.

5. Parce que l’alimentation durable, ça marche. Ça marche déjà en fait. Je pense bien sûr au documentaire césarisé « Demain », de Cyril Dion, et à « Après-demain », diffusé le 11/12 sur France 2 (Delphine Ernotte, si tu me lis, il faudra m’expliquer l’horaire de programmation, 23H15. Juste après les différentes Marches pour le Climat, en pleine COP 24, sans oublier le « reste », un choix très étrange), mais aussi aux initiatives qui existent en France, dont la plus connue est la Ferme du Bec-Hélouin (en Normandie, située entre Evreux et Lisieux) qui a mis en place la permaculture, une méthode systémique dans laquelle l’homme observe les écosystèmes naturels et les interactions entre les espèces, qui coopèrent entres elles. Il l’observe, il cherche d’abord à la comprendre, pas à la dominer. Pas de produits phytosanitaires, pas d’engrais de synthèse, pas ou peu de mécanisation, mais du compost, de la diversité de production, des paniers hebdomadaires… Et… un revenu agricole net mensuel correspondant, de 900 à 1570 € selon le niveau d’investissement, selon l’INRA. Intéressant, surtout lorsqu’on sait que 30 % des agriculteurs touchent moins de 350 euros/mois (source : Mutualité sociale agricole). Bon, je me plie aux usages des jeunes générations (mais pas que) et vous mets une petite vidéo présentant la Ferme du Bec-Hélouin, fondée par Perrine et Charles (pas moi !) :

C’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme. Par exemple :

qu’on ne peut plus vivre avec une croissance infinie dans un monde de ressources finies ;
– Que l’alimentation durable, c’est du bon sens, pour peu que l’on se mette à réfléchir un peu ;
– Que les abeilles sont responsables de 65 % notre diversité alimentaire. En 27 ans, 80 % des populations d’abeilles en moins. En 10 ans, 15 000 apiculteurs ont cessé leur activité. On peut se dire que les néonicotinoïdes, c’était peut-être pas l’idée du siècle. Chiffres piqués à mon Charles-Antoine Winter lors de ma formation en septembre sur l’alimentation durable;
– Que les coûts induits par les pollutions agricoles représentent entre 6,6% et 11,8 % de notre facture d’eau, soit 640 à 1 140 millions d’euros par an (Source : commissariat Général au Développement durable);
– Que l’agriculture bio-logique, c’est en moyenne 35% de polyphénols en plus (étude bio-Nutritnet Santé), vous savez, les composés protecteurs de notre santé. Tiens, y’aurait-il un lien entre alimentation durable et santé durable ? Truc de fou.

Il y a encore tant à dire, à voir, à faire. Mais je m’arrête là, pour ce soir ! Je reviendrai très prochainement pour vous tenir au courant de l’avancée du Salon de la Nutrition 2019.

En attendant ce passionnant rendez-vous, vous pouvez/devez dès à présent :

– Bloquer les 21/22/23 et 24 mars prochains dans votre agenda. Surtout les 23 et 24 mars;
– soutenir le Salon de la Nutrition 2019 sur Leetchi
– suivre nos comptes FB et Insta;
– m’écrire via le formulaire de contact si vous avez une idée de thème méga-intéressante et qui n’est pas assez traitée par les médias.

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Je reçois par ailleurs de nombreux mails d’entreprises privées qui développent leurs produits (et qui me demandent ce que j’en pense, sauf que je ne travaille pas gratuitement !). Si vous êtes une entreprise ou un particulier qui souhaite tenir un stand ou intervenir sur le Salon de la Nutrition 2019 lors d’une conférence, vous pouvez m’écrire sur sponsor.snp2019@gmail.com (et voui, je suis dans le groupe « Sponsor »).

Votre bien dévoué, Charly.

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