I dit it ! Le Polar triathlon de Cannes, vu par Charly

PAN ! Top départ, c’est parti pour le Polar triathlon de Cannes ! Bon temps de réaction, 4 ou 5 enjambées en sprint et je plonge dans l’eau fraîche. Bam, je mouline mes bras tendus façon Floflo Manadou et met les cannes pour m’extraire de la masse. Bref, je fais « parler la poudre » comme on dit en Belgique (toute ressemblance avec un quartier sinistrement connu étant fortuite car cela fait plus de 15 ans que j’use de cette expression). 50 mètres après, je croise un sapeur pompier plongeur, assis à deux mètres de fond, muni de sa grosse lampe et de ses bouteilles de plongée. Pourquoi ? Le départ est violent, il y a de la casse chaque année. Parlons-en, justement de la casse. Exactement ce à quoi je m’attendais : coups de coudes, tirages de combi, otage de lunettes, on te nage dessus… J’étais prévenu ! Mais pas question de se laisser impressionner. Suis pas champion olympique, mais faut pas pousser pépé dans les oursins. Tu me nages dessus, je t’aplatis. Tu me fais de l’épaule, je joue du collier. Tu m’attrapes les pieds, je te ventile et je disperse mes pieds façon « puzzle »… Non mais…

Polar Triathlon de Cannes ©fred Poirier
©fred Poirier

La première bouée passée, le peloton est toujours groupé mais je n’arrête pas de me faire dépasser. Décourageant au possible ! Surtout que j’ai mal aux épaules, impression d’être lesté, au bord de la ligne rouge niveau cardio… Dès le départ, je souffre, je bois la tasse. Hello Darkness my old friend…

Au bout de 500 mètres, je soulage mes épaules, 15 mètres en dos à dos bras, jambes de brasse. Une technique qui permet de reprendre son souffle en milieu aérobie, d’avancer plus vite que la brasse tout en relâchant la pression sur les épaules de crawl, nage asymétrique. Je me retourne sur le ventre, en ayant perdu 5 places, mais je me sens nettement mieux.

Avant dernière bouée, la plage est loin, mais le plus dur est fait. Je me recentre sur mes sensations, et compte mes mouvements, comme un métronome, parfois 2 temps, parfois 3. Un, deux, trois, respiration furtive, puis tête dans l’axe. Un, deux, trois, idem… Je continue à me faire dépasser de tous côtés, mais je me reconnecte à ma course et à mon gimmick salvateur « un, deux, trois », « un, deux, trois ». Je profite du moment présent, cher à Eckhart Tolle. Je suis là, pleinement et totalement. Porté par les flots, j’écoute le bouillonnement de la masse de poissons à bonnets rouges ensardinés dans leurs combinaisons. Petit à petit, la douleur disparaît, je me colle parfois à d’autres nageurs pour « choper l’aspi ». C’est le jeu ma p’tite Lucette ! 😈

La photo de ©Trimax qui envoie du lourd. Ils mettent les bouts !
La photo ©Trimax qui envoie du lourd. Alerte, ils mettent les bouts !

200 derniers mètres, sprint ! La ligne d’arrivée en vue, je donne tout ! La tête bien alignée, j’appuie fort sur mes bras, respire peu et met les jambes qu’il faut pour accrocher les plus rapides. Flash-back de mes centaines de sprints en milieu chloré. Je sors en courant et défais machinalement ma combi, comme si j’allais continuer la course… En haut des marches, j’arrête ma V800 à 17’43 ! Très surpris, car je pensais avoir dépassé mon cap time initial de 20 minutes. Je défais ma puce à la cheville gauche et file le relais à Nadia à fond ! Elle part avec le sourire. Je titube, blanc, jaune, orange, je m’agrippe au grillage et à Sonia : « loulou, loulou, reste avec moi… ! ». Dur de reprendre son souffle. Explosé ! Mais tellement content ! Du chrono, des conditions dans lesquelles j’ai donné le relais, bref, happy !

Le plus dur, c’est l’atterrissage…

Je file à l’hôtel, j’ai 2 heures pour prendre ma douche et revenir encourager Nadia qui donnera le relais à Sonia. Finalement, ce sera un bain relaxant. Pas très écolo, mais très exceptionnel, je précise. Sous l’eau, je réécoute le bouillonnement, intérieur cette fois. Que d’émotions. Les hormones font le reste, un shoot d’adrénaline et de cortisol, je plane… Sur le chemin, Sonia m’apprend que Nadia a chuté lourdement à cause de la pluie. Aux urgences direct. Finalement, plus de peur que de mal, des cervicales contusionnées, et beaucoup de repos en perspective. Solide, on vous dit ! J’encourage Samuel et Stéven pour les derniers kilomètres, toujours aussi détendus. Ils donnent envie ! Surprise : certains coureurs se font siffler par des arbitres, pour cause de « jetage de gobelets sur la voie publique ». J’adore ! Certains doivent même revenir sur leurs pas, prendre leur plastique et le jeter dans la poubelle prévue à cet effet. Hey, mais c’est JF bien Placé qui devrait être content !

https://www.instagram.com/p/BESuxyYqhf_/?taken-by=charlesbrumauld

 

Bilan : On a tous eu notre médaille car on s’était engagés à fond ! Une première prise de contact très réussie avec le triathlon. L’année prochaine, Cannes, je reviens ! Tout le monde, y compris Nadia jusqu’au 35ème kilomètre, a pris beaucoup de plaisir. Géraldine de RunChic, mais également Clémence : « 22 minutes au kilo, je n’en reviens pas ! », elle qui flippait de ne pas finir dans la barrière règlementaire des ¾ d’heures. Idem, pour Samuel et Stéven, qui ont dû batailler sous la pluie avec leurs 80 km de vélo. Mon temps ? 21’24 au chrono officiel. Cela me fait environ 99ème sur 1000 athlètes. Très correct pour une micro-préparation, même si je retiens plutôt mon 17’43 en haut des marches. Pourquoi ? Ben, parce que ! La montre V800 de Polar fera l’objet d’un post ultérieur, plus précis, sur ce qu’elle m’apporte en natation. L’analyse de cette « séance en eau libre » montre un dernier 100 mètres en 1’20, une moyenne de 61 cycles de bras par minute et une distance de 1109 mètres. Message à Manuela Garreli, directrice de l’épreuve : « non, tes hauts talons, ton brushing impeccable et ton regard de braise façon Caterina Murino n’auront pas raison de cette banderille : 1109 mètres, c’est pas 1 000 mètres ! Alors si tu veux que Cannes devienne tri parmi les tris, il faudrait peut-être enfiler ta combi (ben quoi, c’est pas le meilleur moyen pour mesurer? 😆 ) et vérifier toi-même la distance du parcours ! ». Cela étant dit, sans animosité aucune, comme chacun(e) l’aura compris (ou pas !), c’était une très belle course, accessible en solo ou en relais. Une épreuve qui fait du bien et qui donne très envie de s’y mettre !

PS : Qui a gagné ? On s’en fout ? Non, on s’en fout pas, même s’il n’y a même pas un post sur la victoire des un(e)s et des autres dans la rubrique « Actualités » du site de l’évènement (Manuela, je n’insiste pas pour aujourd’hui, mais si tu me lis…). Chez les hommes, le petit gabarit nerveux d’Etienne Diemunsch s’est imposé en 3H32 et 8 secondes, devant le rital Giulo Molinari et l’allemand longiligne Andreas Realert, pourtant grand favori de la course. Chez les femmes, la britannique Leanda Cave a pris le meilleur sur ses concurrentes en 4H08 et 17 secondes, Alexandra Tondeur (qui arrive 1 minute 30 après) et Céline Bousrez. Le relais emmené par l’artiste du triathlon David Hass (prononcez « Hauss ») n’a quant à lui fait qu’une bouchée de ses alters-égo…

Mersea à la Polar Team, à Bernascom de l’organisation sans faille, aux bénévoles de l’association organisatrice de la course, à Nadia et Sonia, des relayeuses au taquet, à Christelle de Vital Mag, toujours au top pour encourager ses journalistes, à ma compagne pour ses textos où tu te sens le roi des flots avant la course, à mes petits choux à la maison qui me donnent du « vas-y Chachou ! » et à mon fils d’amour, lequel me demande invariablement à chaque retour de course si j’ai été 1er ou 2ème… (maintenant parce que tu en veux encore, clique sur le chiffre 3 pour ma course en live…)