Interview de dealer de sucre, l’instagram qui montre le sucre caché de nos aliments

Votre démarche est intéressante, car vous variez les produits. Je m’explique : il n’y a pas que le Nutella ou les Mikado. Il y a aussi des produits Gerblé ou des produits salés. Pourquoi ? 

On a tellement jeté la pierre sur Nutella que ça en était presque trop convenu, attendu, facile. Je pense n’avoir rien révélé en disant que le Nutella est très sucré. Les consommateurs de Nutella le savent et l’assument totalement, je pense. En revanche, on croit souvent qu’un produit « bio », « diététique » est dépourvu de sucre… Et donc qu’on peut « y aller » sereinement, en se faisant du bien. Or, ces dénominations ne sont pas synonymes de « sans sucre ». Certes les sucres ajoutés auront tendance à provenir de sucre présent à l’état naturel, mais ils resteront des sucres ajoutés. C’est un peu la même chose avec les produits « allégés en matière grasse » que l’on pense meilleurs pour la santé… alors que la perte de matière grasse est souvent compensée par une augmentation des doses de sucre.

Pensez-vous que les étiquettes soient bien faites, en France ?

Sauccison by dealer de sucreJe pense que nous sommes toujours mieux lotis qu’aux Etats-Unis, où les mentions en sucre ajouté sont souvent très ambigües et quasi illisibles pour le commun des mortels. Il n’y a qu’à regarder les étiquettes des produits directement importés des US, comme les produits Reese… Il faut enquêter sur le Web pour essayer d’obtenir les grammages. En France, en regardant la composition des produits sur l’emballage, je peux facilement me faire une idée de la qualité du produit. Pas sûr que nous ayons besoin de points de couleur pour comprendre qu’un produit est très sucré, très gras… Je ne pense pas que la stigmatisation soit le meilleur moyen de rendre les gens davantage maître de leur consommation*. Leur apprendre à retourner un paquet de gâteaux et à décoder l’étiquette, davantage.

Vous dites, « la consommation de sucre ne pose pas de problème aujourd’hui. C’est la non conscience de ce que nous consommons, oui ». Je vous rejoins** totalement sur la non conscience des choses (pas seulement pour le sucre), mais avec une consommation de sucre qui est d’environ 100 g de sucre par jour (en France), qui plus est, de sucres cachés, disons que j’émets quelques doutes…

Encore faut-il que je sache que je consomme beaucoup plus que les doses recommandées… et je pense que cette information est très loin d’avoir touché le grand public. Une fois que je le sais, que je suis également au courant de la dose de sucre des produits que je consomme, cela devient tout de suite plus facile.

Au final, quel est le message que vous voulez faire passer ? Votre contribution « au débat », par l’image est-elle le meilleur moyen d’éveiller les consciences ? 

Je n’avais pas, initialement, le propos de participer à ce débat… Simplement d’informer mes amis et de leur prouver, par l’image, que mon discours sur notre surconsommation de sucre n’était pas une simple lubie. Aujourd’hui, le projet a pris plus d’ampleur. Je pense que le média choisi, à savoir Instagram, en est la principale raison. Le meilleur moyen aujourd’hui de communiquer reste d’adapter son message aux usages. Et je crois que j’ai réussi à le faire avec mon dealerdesucre.

*je suis en total désaccord, mais bon, hein, la parole est libre !

** oui, les journalistes ont un avis ! Je ne crois pas que l’on puisse être toujours objectif. A défaut de l’être, soyons sincères…