La semaine dernière, le magazine Men’s Health publiait mon enquête sur le sucre, réalisée avec le concours d’Erwann, auteur de plusieurs best-sellers dans le bien-être et fondateur de la méthode Fitnext. A cette occasion, j’ai interviewé Dealer de sucre, l’Instagram qui fait beaucoup parler de lui/d’elle en ces temps de fêtes de fin d’année sucrées.
A propos du sucre…
Mais avant, mon sentiment sur la question du sucre, à l’heure où l’on apprend le départ de Rhona Appledaum, la patronne des scientifiques de la firme Coca-Cola, après ses liens avec l’institut « anti-obésité », le Global Energy Balance Network. Oui, le sucre est devenu une vraie question. Ou plutôt un enjeu majeur de santé publique. Fructose, maltose, glucose… Comment ces « magiciens d’ose », jadis denrées rares réservées aux riches sont devenus des produits de consommation de masse ? Pas forcément par la culture, en tous cas. Si aujourd’hui, on ne conçoit pas un anniversaire, un goûter ou un dîner sans « note sucrée », force est de constater que la pression des industriels a permis l’avènement de cette douceur qui ne vous veut pas que du bien.
Pression ?
Je n’ai jamais été « complotiste », fustigeant le grand capital qui s’entend dans les milieux autorisés pour s’adjuger de la domination des marchés (même si certains exemples sont édifiants, cf entente sur les prix de certains opérateurs de mobiles français, de « cartels du yaourt » ou de fabricants de produits d’entretien). Pourquoi ? ça me rappelle ma mère qui m’a bassiné des années avec ses théories à la mords-moi-le-nœud (intéressante cette expression, faudra que j’en parle à mon psy !).Pourtant, après des dizaines d’heures de documentaires (voir la bande-annonce plus loin), de lectures de livres et de recherches d’infos, force a été de constater qu’il s’agissait d’un gros gros business, dont les intérêts ont été clairement verrouillés afin que personne ne mette son grain de sel dans une mécanique bien huilée. C’est tout. Pas de complots, mais des intérêts économiques, pas très concernés par les effets à long terme (diabète, obésité, stéatose hépatique, cancers…) sur notre santé.
Je ne suis pas pour autant naïf. Chacun son job. Les industriels de l’aggro-alimentaire font de l’industrie aggro-alimentaire et entendent bien continuer leur business ainsi. C’est le jeu ! A nous de ne pas (toujours) tomber dans les pièges. Le problème est qu’aujourd’hui, ces pièges ne sont pas toujours visibles. On parle bien de ces fameux « sucres cachés », nichés dans chaque recoin de notre consommation. Franchement, dans les sodas, les jus fruits frais, les gâteaux et biscuits, ça commence à se savoir… Mais hier encore, jusque dans un magasin bio, je me demandais : « que fichent ces 0,6 g de sucre dans mon tofu soyeux ? ». Ok, je chipote, mais c’est pour le principe !
Se sucrer sur…
Je ne vous en dis pas plus sur l’enquête, à vous de lire, puis de me dire. Ma difficulté de journaliste a été de trouver le ton juste. Comment éviter les qualificatifs de « propagande », de « lobby » et de « porosité des autorités » alors qu’il s’agit bien de cela ? En témoigne cette vidéo du CEDUS dans le cadre du salon de l’agriculture ou celle-ci, dans laquelle Vincent Peillon, alors ministre de l’Education Nationale, répond à la députée Laurence Abeille en ces termes : « nous nous félicitons de ce travail avec les industries, dans ce domaine, comme les autres », à propos de l’accord conclu en décembre 2013 entre le ministère sus-mentionné et l’industrie du sucre concernant la formation et l’information des enseignants et des élèves (du général comme du professionnel). Comment le dire, sans être catalogué de « militant », nouveau gros mot pour désigner, en l’espèce, quelqu’un qui ne saurait pas ce que sont des intérêts économiques (chantage à l’emploi, bla bla bla) ? Probablement en se recentrant sur l’info, les faits, les effets.
Pour égayer la journée, j’ai interviewé Dealer de sucre. Ce compte instagram sait qu’un bon visuel vaut parfois mieux qu’un long discours. En une seconde, il nous fait prendre conscience de la quantité de sucre que nous consommons sans (toujours) nous en rendre compte. Il/elle a moins de 40 ans, il/elle souhaite garder l’anonymat, mais il/elle n’a pas sa langue dans sa poche !
Charly : Comment vous est venue l’idée de poster sur instagram ? Pourquoi le sucre?
DLDS : En fait, je cherchais tout simplement une activité, une échappatoire créative. Au même moment, j’ai découvert le documentaire « FedUp » qui a tout changé. C’était à une période où l’on commençait à parler beaucoup des effets néfastes du sucre, les premiers livres invitant à arrêter le sucre paraissaient… Le sujet s’est donc presque imposé de lui-même. Quant à la forme, la photographie faisant désormais partie du quotidien – notamment grâce à des applications comme Instagram qui ont permis à tout un chacun de produire de la belle image – c’était le mode d’expression le plus simple. La géométrie des morceaux permettait également d’avoir un rendu très propre, très graphique avec les fonds colorés ; ce que j’aime !
Etiez vous sensibilisé aux problématiques de l’alimentation par la santé ?
Oui, depuis plusieurs années. J’ai grandi dans un milieu sportif qui, s’il ne m’imposait pas de régime alimentaire strict, m’a fait prendre conscience de l’importance d’une alimentation équilibrée pour lui permettre de donner le maximum de soi-même, surtout en cas de pratique sportive intensive. Progressivement, le sport est devenu un loisir, mais cette préoccupation a pris de plus en plus de place, avec un objectif : trouver un mode d’alimentation qui me permette de me sentir bien autant physiquement que psychiquement. Depuis, je lis beaucoup, je me documente, je consulte des recherches scientifiques, je confronte les points de vues et je teste pas mal de choses…