I did it ! Le défi de Monte-Cristo, l’ultime challenge de nage en eau libre

L’attente tranquille

Sur le village de l’épreuve, je suçote mon gel que j’alterne avec ma boisson de l’effort à l’orange. Point positif : au moins, je ne serai pas lourd ! Je m’enduis de crème anti-frottements sur les zones clés (entrejambes, aisselles, épaules, cou…) et embarque dans le second bateau pour le château d’IF, en espérant que ce dernier ne mette pas à l’eau les premiers arrivés, faute de place ! Trajet bon enfant, avec un public de nageurs plutôt amateurs et passionnés, entre 30 et 50 ans, environ. Chacun pointe les bouées rouges et jaunes une treizième fois, pour être sûr de ne rien louper. Pendant ce temps, je ferme les yeux et visualise ma course, mon parcours. Important de se concentrer. Sur le quai nord du château, on s’échauffe, on se jauge, on se marre. Les palmes à petites voilures côtoient les énormes palmes en carbone et autres mono-palmes. Certains opteront pour le tuba frontal, histoire de rester aligné. Pas moi, je le fais à l’ancienne. Plus près de ce que je connais : 1/2/3, tourner la tête, respirer, 1/2/3…

Palmito start

Défi de Monte-CristoAllez, tout le monde à l’eau, le départ va être donné ! J’enfile mes palmes TYR, sponsor de l’événement, et plonge dans une eau à 17°. Brrr, ça ravigore ! Je me place comme à Cannes, sur la première ligne, avec les caïds du Grand Bleu.30 secondes avant le départ, j’ajuste ma Polar V800, histoire qu’elle me donne mon tour toutes les 15 minutes. GPS activé. On est bon, y’a plus qu’à ! 5-4-3-2-1… TOP ! Des sardines en rute, idem qu’un départ de triathlon ! En pire, car avec les palmes qui prennent tout l’espace, impossible de placer sa nage. Donc, coups de coude, coups de palmes dans la tête et dans les côtes… On lève la tête, on replonge, on se fait nager dessus, on nage dessus… Bref : une dépense d’énergie évitable. Objectif : 1’20’’. Ok. Mais, si je dois le refaire un jour, je conseillerais à quiconque ne se battant pas pour le podium d’attendre 20 ou 30 secondes afin que les troupes se dispersent.

Pas cool la houle

Après 800 mètres, mon rythme cardiaque descend…Je peux enfin choisir mon allure de course. Quelques embardées à droite, à gauche, il faut lever la tête très souvent et pointer la prochaine bouée. Je me fais dépasser, les palmes munies de grandes voilures filent à toute allure. Chacun dans sa catégorie. Note pour plus tard : demander à Dominique, l’organisateur de la course, s’il trouve vraiment pertinent de faire partir ensemble des voilures de 10 cm et de 100 cm en même temps. Je continue ma route, mais la houle gonfle, soulevant les corps des athlètes comme de petites allumettes. Résultat ? Une respiration plus difficile, le mal de mer (si si…), une nage affectée. J’ai l’impression de nager mal, comme un pantin désarticulé. Retour de bras moins performant, désorienté par les vagues, je m’essouffle. Là, j’entre dans le dur. J’ai fait moins de 2 kilomètres et je suis fatigué. Pas mal aux épaules, ni aux jambes, juste découragé par ma mauvaise technique. Je pense à abandonner, comme certains ministres ont pensé à démissionner. Après tout, qu’est-ce que je pensais ? Me pointer, comme ça, sur un 5 K en mer, sans préparation, avec un petit déj pourri, en comptant sur mon pseudo niveau d’il y a 15 ans ? Personne ne m’en voudra. Personne, sauf moi-même. Alors, je serre les dents, accepte cette solitude du nageur et continue à mettre un bras devant l’autre…