Sometimes you win, sometimes you learn…

Fini les athlètes extraordinaires et les performances stratosphériques. Le dernier clip de l’équipementier Nike, « Last », met en lumière les runners débutants, ceux qui ne pensaient pas forcément finir un marathon. Cette campagne m’inspire un post : « Sometimes you win, sometimes you learn ».

https://www.youtube.com/watch?v=ptoi8BIdRRQ

#justdoit, n’est pas uniquement un hashtag parmi d’autres. Le slogan cultissime de Nike a pris, depuis septembre dernier, une coloration particulière, celle des derniers. Ceux-qui croisent les voitures balais des courses, notamment. Le but ? Faire le lien entre les aspirations des pratiquants de running et fitness, quels que soient leurs niveaux : se dépasser, qu’il s’agisse de finir une course, rentrer et sortir d’une posture de yoga ou tenir une belle planche lors d’un gainage avec l’application éponyme. L’ objectif ? Gravir de nouveaux sommets, les siens.

Belle démonstration de la marque à la virgule. Beaucoup d’empathie et de compréhension de ce que peuvent vivre les pratiquants du quotidien. Tous et toutes ne sont pas des athlètes comparables à Allison Félix, Lebron James ou Maria Sharapova. Non, ils font parfois du mieux qu’ils peuvent, et c’est déjà beaucoup. Au-delà des attentes de la société  (performance, adaptabilité, constance etc.) ou des proches qui vous encouragent au borde la route, c’est justement le self-challenge qui permet de puiser au fond de soi.

(Dés)illusions

En 2013 et 2014, comme chaque année, je m’étais inscrit aux CrossFit Games, l’équivalent des championnats du monde de Crossfit. Bien sûr, je l’ai fait pour l’expérience collective, vivre au rythme des workouts hebdomaires, partagés par environ 200 000 concurrents aux 4 coins du globe, y compris les meilleurs des meilleurs. Je n’avais évidemment aucune arrière pensée qualificative, hein !Durant la première phase qualificative, les « Open », j’ai « calé » sur deux wods. En 2013, je m’étais peu préparé, et j’ai été submergé par l’effort. Pas assez de force, de cardio. Complètement largué. Je ne pensais pas être largué à ce point. En partant de la box, un coach m’a lancé une petite boutade. J’ai esquissé un sourire (jaune), avant d’éclater en sanglots deux rues plus loin, maudissant ce maudit coach qui n’avait pas vu ou pas voulu voir ma détresse. J’avais mal, aux poignets, au coeur, aux jambes, et surtout à l’égo. Je ne pensais pas être si éloigné des performances requises, moi, l’ex-nageur censé avoir de beaux restes.

(re)source

L’année dernière, en 2014 donc, le dernier wod des Open, le 14.5 était :
21-18-15-12-9-6-3 reps for time de :
Thrusters (95-lbs)
Burpees

For time, j’étais donc forcé de faire toutes les répétitions pour taper le chrono. 95 pounds, à l’époque, c’était lourd. Très lourd. Calvaire total. Interminable. Cette barre devenait de plus impossible à soulever. Les poignets fragiles, les larmes qui montent. Ma juge, Jessica, m’a coaché admirablement, « allez, sur ta barre, tout de suite », « allez, maintenant », « on continue ». Bref, j’ai fini ce wod, m’écroulant par terre. Deux minutes après, je laissais éclater le surplus d’émotions, contenues par la concentration inhérente à l’épreuve.

Voilà, si cette campagne résonne, c’est parce que précisément, je suis allé chercher les ressources en moi, et pas ailleurs, pour terminer cette épreuve. Sur le sol, j’haletais, j’ai pensé tant de fois à arrêter au milieu, filer sous ma douche et « pretend like it never happened ». Du découragement, du désespoir, de la peur, aussi. Je ne savais pas à quoi je m’accrochais, mais j’ai tenu bon. En fait, c’était en moi que j’ai puisé les ressources nécessaires à la résolution heureuse de cet événement.

Aujourd’hui, je regarde ces minutes délicates avec lucidité et bienveillance. Toutes choses étant égales par ailleurs, ces moments sont des temps de « doute créateur », où l’on sort littéralement ses tripes de soi, et où l’on voit jusqu’où l’on peut se pousser. Et l’on découvre que nos possibilités vont bien au-delà de ce dont on se pensait capable. Ce jour, j’ai compris ce que c’était, le dépassement de soi-même.